dimanche 28 octobre 2012

La machine à écrire



Il était une fois une machine à écrire toute vieille et décatie qui gisait au fond d’une armoire sous la poussière du sombre grenier d’une belle demeure de campagne, un manoir.

Cela faisait bien longtemps que l’on n’avait plus entendu le cliquetis de ses touches, son cordon électrique, car elle avait été électrique, était enroulé autour de son corps, son couvercle avait disparu, on n’avait jamais su où. Son propriétaire en tapant dessus des textes inextricables avait longtemps rêvé du Goncourt et de quelques autres jolies récompenses mais rien du genre ne s’était jamais produit, il était resté dans l’ombre, regrettant quelquefois ses choix, regardant passer le temps qui lui, ne lui passait rien. Ses journées s’écoulaient ainsi, toutes semblables, au gré d’humeurs que cet "illustre inconnu" ne pouvait contrôler, surtout les après-midi qui devenaient le cap à passer pour atteindre la fin de journée qui voyait enfin se calmer ce flux incessant d’angoisses diverses et variées. La nuit tombait, il allumait sa lampe de chevet rose qui finissait de répandre une atmosphère dorée et apaisante, la soirée commençait, dégagée des scories de la lumière des premiers jours d’un printemps exceptionnel de chaleur.

Diamanto-thérapie




J'ai commencé ces dernières heures une diamanto-thérapie. Une thérapie comme une autre, celle-ci a l'avantage de m'être propre. J'imagine un énorme diamant, un solitaire, que j'intègre dans mon corps par ma fontanelle et auquel je propose d'apporter les bienfaits de sa lumière jusqu'au plus profond de mon mal, ce que d'aucun nomme les ténèbres, dont la mémoire est inscrite dans les cellules de mon corps. Il faut nettoyer tout cela… par le pouvoir de la pensée. Nous entamons une visite guidée de l'intérieur du corps à visées réparatrices. Le diamant cherche, trouve, irise les plaies, les cautérise, remet en route ce qui était en panne et offre ainsi à l'énergie la possibilité de circuler de nouveau pour réapprovisionner par irrigations successives les parties de l'être malades. Ce ne sont ni des nutriments ni des oligo éléments ni des neurotransmetteurs qui se remettent à circuler, mais des informations codées dont les particularités sont adaptées à chaque cas comme les principes curateurs d'un médicament se rendent sur les lieux à soigner pour lesquels ils ont été fabriqués.

La diamanto-thérapie est une thérapie supra-lumineuse qui agit selon les principes de la physique quantique en transférant la pureté de sa lumière, plus rapidement qu'à la vitesse de la lumière, sur les organes à soigner. Ce qui était bouché s'éclaircit, ce qui était tordu se détord et n'a donc plus tort, ce qui souffrait évacue la substance de sa souffrance et la brûle à la lumière des facettes du gemme.


Mais cette thérapie n'est pas un conseil à vouloir se passer des efforts personnels nécessaires à produire pour parvenir à la totale guérison : bilans sanguins, prises de vitamines, d'oligo éléments, de divers oméga, de dopamine, etc. tout aussi nécessaires que de faire du sport, de la méditation, de la relaxation, de l'art ou de la marche à pied, comme de rétablir des relations affectives, amicales, familiales ou professionnelles. C'est d'ailleurs au cours d'une relaxation que s'exécute la visite guidée du diamant dans les meilleures conditions.

Il s'agit de produire un acte magique, un rituel, dans la certitude de son efficacité, car seul celui qui est sûr de vaincre sera le vainqueur. Mais pour autant, je ne désire pas me situer dans la perspective d’un combat à la fin duquel il y aurait un vainqueur et un vaincu. Ce n’est pas de cette posture que l’on peut éprouver son pouvoir. Celui-ci est plutôt tourné vers la reconnaissance, l’acceptation, la fécondation et la transformation. Un acte magique n'est pas un fantasme. Il relève d'une mémoire ancestrale. Il établit un lien entre l'extrême pointe de la toute conscience intégrée et le système malade qu'il irradie de son savoir qui est un ensemble de souvenirs. Ce savoir remet l'organe touché par la maladie en conformité avec son rôle qui a été distordu dans et par l'histoire du sujet, que les causes soient d'ordre personnel, intrapersonnel, supra-personnel, transgénérationnel, galactique, intergalactique, centro-galactique, karmiques, etc. Le rituel est un lien de cause à effet entre la structure interne de l'univers et ce plan manifesté.

Toutes les mémoires personnelles ont une même origine mais, sans avoir parcouru les mêmes chemins dans l'univers, elles en connaissent les moindres détails. C'est un paradoxe que seule la physique quantique peut expliquer. La physique quantique n'a pas encore d'explication claire et nette, elle est une sensation, celle du déjà vu, déjà entendu, déjà su.

mercredi 24 octobre 2012

L'abus de psy



La foi dit ce que les yeux ne peuvent voir, ce que les oreilles ne peuvent percevoir, ce que la psychologie ne peut croire.
Ce qu'elle dit est folie pour la science, folie car incompréhensible. Dieu ne peut être compris dans les limites du champ de la connaissance scientifique. Ce qui est vrai pour la foi l'est aussi pour l'art. L'artiste nous fait signe en direction d'un lieu au-delà du mur du langage. Il est toujours possible de parler d'une œuvre d'art, de comprendre la technique, d'étudier la matière du support, d'analyser sa place historique, de repérer son moment dans la vie de l'artiste, etc. Mais que dire de la grâce ? Que dire de cette invisible expérience qu'elle extériorise ? Comment rendre compte de cette mystérieuse rencontre qui impose le silence ? Un silence religieux, tout art est mystique. L'oeuvre se révèle là où s'efface toute parole pour faire entendre autre chose... quelque chose qui paraît fou aux yeux et aux oreilles de la science ? Parce que la peinture est une révélation, le peintre tente de détourner le regard du spectateur par des perspectives insensées, par des effets hallucinatoires, par des présences irréelles. L'oeil est dirigé vers autre chose, là même où la raison ne peut nous mener.

Extrait de : l'abus de « psy » nuit à la santé. Serge Tribolet.

jeudi 18 octobre 2012

Lettre à un jeune poète



Je vous prie d'être patient à l'égard de tout ce qui dans votre coeur est encore irrésolu et de tenter d'aimer les questions elles-mêmes comme des pièces closes et des livres écrits dans une langue fort étrangère. Ne cherchez pas pour l'instant des réponses qui ne sauraient vous être données, car vous ne seriez pas en mesure de les vivre. Or, il s'agit précisément de tout vivre. Vivez maintenant les questions. Peut-être en viendrez-vous à vivre peu à peu, sans vous en rendre compte, l'entrée dans la réponse. (Rainer Maria Rilke)





L'amour




L'amour pour sortir du cercle très fermé qui enserre et dont on ne sait comment s'extraire.
L'amour pour ses ailes de bonheur, pour ses irisations magiques, pour ce qui manque à l'Être pour devenir et resplendir dans sa vérité et son silence.

dimanche 14 octobre 2012

Les douze travaux d'Hercule


Au travail !

Qui ne se souvient de ce conte extrait de la mythologie grecque dans lequel un simple berger, Héraclès, plus connu sous le nom d'Hercule, demi-dieu qui plus est, se targue d'accéder à l'immortalité après avoir accompli 12 travaux mais pas du genre couture et empaillage de chaises, et que la ménagère de moins de 50 ans, bardée de tous ses aspirateurs, éplucheurs électroniques et autres frigidaires quantiques, serait aujourd'hui bien incapable d'accomplir.

Reprenons-les donc ces douze travaux, l'un après l'autre, et voyons ceux qui dans l'instant nous parlent le plus, ce pourra être le lion de Néméele jardin des Hespérides ou les Ecuries d'Augias ou celui qui vous concernera dans l'instant. Vous n'aurez que le choix.


Cette statue ne représente en rien un des travaux d'Hercule, elle est installée à l'entrée principale du Parc de la Tête d'Or à Lyon.

jeudi 11 octobre 2012

Musique des sphères

La musique de Michel Pépé
pour un voyage tout en douce lumière


Un grand moment de méditation

De la solitude au solitaire


Rencontre avec ma solitude,


J’ai voulu cette solitude au fond de laquelle j’ai espéré trouver quelque chose de plus essentiel à mes yeux et à mon idée sans savoir exactement ce que cela pouvait être ni ce que cela pouvait représenter. Alors, puisque maintenant elle est là, je ne peux la répudier cette solitude. Elle était mon désir profond depuis si longtemps, je l’ai tant attendue, je ne peux lui faire faux bond, j’en ai bien assez fait par ailleurs. Je l’avais jusqu’à présent à peine frôler. Elle est là dorénavant, je reconnais sa présence entière, elle fait corps avec moi, elle m’a un temps effrayé mais je l’accepte enfin comme partie intégrante de moi-même. Je la découvre, à doux et petits pas, et nous nous  adoptons mutuellement. Nous nous apprécions, nous nous aimons, non pas d’un amour exclusif, non ! il reste de la place pour l’Autre, beaucoup de place, de plus en plus de place. Nous nous voulons du bien, nous nous faisons du bien. Je ne me « fais » pas à ma solitude ni ne la conquière, ni ne l’organise, je ne suis pas son chef ni elle le mien sinon, nous nous fuirions mutuellement.  


Vivre la solitude n'est pas vivre seul, c'est vivre avec soi-même en paix, avec les autres, avec Dieu, celui qu’on veut, notre unité interne. Je vénère cette solitude qui désire la perfection autant pour elle que pour moi. Elle n'est pas qu'amour de soi, loin de là. Elle passe par cette acceptation inéluctable d’une situation qui n'est pas celle de l’Autre, car chacun a son propre cheminement, ses singularités, ses particularités. C'est mon chemin de vie qui m’a conduit là où je suis et je conduis ma solitude autant qu’elle me conduit vers des félicités intérieures détachées des scories du passé et des mirages du futur. Etre présent au présent ! Je fabrique, par quelque mystérieuse alchimie dont moi seul ai la recette (et encore), un futur ordinaire et extraordinaire autant que non ordinaire et non extraordinaire, mais futur surtout de plénitude par la reconnaissance de soi, de l'univers proche et lointain dans la toute tranquillité de l'Esprit et, cette recette, je suis prêt à la communiquer, chacun la recevra et l’agrémentera à sa façon.



La solitude n'est pas résignation du seul, elle invite à l'écoute. Ecoute du Corps, du Cœur, de l'Âme et de l'Esprit. Ces quatre parties de mon Être forment un tout cohérent lorsque je les mets en phase les unes avec les autres, lorsque je les accorde entre elles comme on accorde un instrument de musique qui participera à l’unisson d’un orchestre. Ainsi je ne suis jamais seul avec moi-même autant que ma solitude ne l’est jamais avec elle-même.

Craindre sa solitude c’est abandonner les trésors d’incertitude qu’elle nous offre, ceux de nos failles et de nos saillies les plus belles. Chacun qui s'y adonne ne se coupe pas du monde qu'elle apprécie d'autant plus qu'il est vivant en elle.

La solitude nous fait découvrir un diamant : le solitaire, dans toute la splendeur de son éclat, qui ne connaît pas l'esseulement. Lumineux, il se rencontre au creux d’un sentier ou d’un fauteuil, il contemple des paysages : la ville et ses rumeurs, la campagne et ses chuchotements, le Cosmos et ses rebondissements. Le solitaire a toute liberté de développer sa clairvoyance et sa clairaudience.



Je me distrais « avec » ma solitude et non « de » ma solitude, je ne la fuis plus. Elle devient une compagne, nous voyageons ensemble et nous rencontrons d’autres solitudes qui toutes résonnent au même. Ce ne sont pas des solitudes qui s’affrontent, mais au contraire qui se complètent et s’initient à l’échange de l'instant, anges du partage.

Ma solitude connait encore des angoisses de ce nouveau mariage toujours fragile mais loin d’être forcé, elle apprend à les dissoudre, elles ne sont jamais que des poussières de nuages, qui passent, poussées par le vent du réel et du renouvellement.

La solitude ne connait pas le manque, elle se suffit de peu, elle est fine et légère, jamais encombrante. Elle s’organise toute seule sans rejeter l’aide et le conseil de quiconque. Je la cueille au jaillissement de sa volonté et nous créons ensemble cet enchantement de la fécondation et de l’enfantement, ces instants d’émerveillement unique où le un rencontre le multiple. Nous ne faisons partie d’aucun groupe, nous en sommes un à nous deux et pour cette raison nous résonnons avec tous.

La solitude est une fête intérieure qui oublie les rancœurs et les revanches. Elle porte haut les couleurs de l’espérance des âmes déchirées qu'elle invite au recueillement, à la prière : vide que seul le souffle impalpable remplit… et vide. Elle n’est pas la figure égotique/égocentrique d’une âme en déshérence aux abords de la chute dans l’oubli et la mort. Elle n’est pas réparatrice mais un « espace » de réparation dans lequel évoluent et se défont les trop-pleins d’émotions, les rêves inutiles et les espoirs déçus. Elle vivifie les trames subtiles des univers intérieurs et pour cela je la salue. Elle est la bienvenue, elle sait qu'elle est ici chez elle et que je suis aussi chez moi.


mardi 9 octobre 2012

Joyaux

Joyaux 
est un triptyque de 120 x 120 en béton armée et résine
avec incrustation de poupées Barbi accompagnées de leur Ken.
Le tout teinté argent métallisé.
Chaque étage du triptyque présente un style de danse différent :
en haut un ensemble de danse contemporaine, 
au milieu 18 "girls",
en bas 6 couples de danseurs classiques.
Chaque partie est agrémentée de strass de couleur différente :
vert pour le contemporain, violet pour les girls, rouge pour les classiques.
Le titre, "Joyaux", est un clin d'oeil à un chef d'oeuvre 
du grand chorégraphe russo-américain George Balanchine.










Opéra Silence et Kitschologie plastique

La kitschologie plastique
est une nouveau concept artistique né au hasard de la création d'une collection de petits théâtres
présentant des scènes d'opéras imaginaires uniquement réalisées avec des figurines, 
des objets de pacotille, des strass, des tissus, des perles, etc. etc. 
Amateurs de bon goût d'abstenir.
Néanmoins une profonde magie émane de cette étonnante collection de 20 théâtres, 
nommée Opéra-Silence,
rarement présentée au public eu égard à leur fragilité. 


Les poèmes qui suivent sont d'une toute autre veine que la kitschologie plastique.

Une patate chaude s’ennuyait ferme au fond d’un lit.
Après être passée de main en main pour en arriver là
Elle désirait autre chose.
Elle se dit en elle-même - au plus profond d’elle-même - :
« Je ne vais pas en rester là et finir à l’étouffée pas même aux p'tits oignons »
Elle en tira les conséquences et les marrons du feu.
De patate chaude elle devint douce
De cette douceur tira un cœur,
De ce cœur tira un Roi
Dont elle fit un Atout
Et devint première Dame.

Nous sommes des poèmes autant que leurs poètes,
Entrelacs synaptiques qui s'offrent à la pénombre des plaisirs maléfiques.
Des neurones digitaux qui s'illuminent le soir pour se nourrir d'espoir,
Qui boivent le soleil des plus profonds sommeils,
Qui renaissent à l'aube pour fleurir des corbeilles,
les oreilles d'un âne
et des femmes très belles.

Cadeaux


Les cadeaux de l'ego
forment un grand légo.
La bâtisse est énorme, les allées ratissées,
tout est dans la norme d'un futur tout tracé.



Les jaloux à l'affût de belles réussites
en seront pour leurs frais et leurs droits de visite.
Regardant à l'entour les plus jolis atours
des maigres espérances d'un futur déjà rance.



Moi je me retire pour fracasser ma tire-lire
aux engouements trépidants.
Les serfs se précipitent à l'auge des cochons
pendant que la terre brûle et que ses enfants meurent.

Etablissons une demeure
Ou danseront toujours à l'heure
Feux d'artifices et chandeleurs
Potimarrons, bébés baigneurs.

samedi 6 octobre 2012

Guillem Again

Sylvie Guillem
dans la variation de Raymonda de Glazounov.
Regardez sa beauté lorsqu'elle salue.


Casse-Noisette

Myriam Ould-Braham et Jérémy Bélingard, 
Etoiles de l'Opéra de Paris, 
dans un pas de deux extrait de Casse-Noisette.


Des Lys Délicieux

Le Génie de la Danse

Sylvie Guillem dans Two.
Certainement la plus grande danseuse de tous les temps par la multiplicité de ses styles, 
la justesse de ses choix, la précision de sa gestuelle, 
ses interprétations mémorables dont celle de Manon. 
Le génie ?


Chorégraphie de Russell Maliphant 
Musique de Andy Cowton

Bel canto

Il y a quelques sommets dans l'Art Lyrique, celui-ci en est un :
Montserrat Caballe à Orange en 1974 dans la scène finale de Norma.
J'y étais (miam-miam). Sortez les mouchoirs !



jeudi 4 octobre 2012

Concevoir quelques poèmes

Coeur de nuit


Enfonce-toi dans l'inconnu qui creuse. Oblige-toi à tournoyer (René Char)

J’ai conçu quelques vers
En regardant la nuit
Ses êtres de lumière
Et ses miss de minuit
J’ai perdu tout espoir
Car… plus de désespoir
Et du même coup,
Repris goût
A la cause spirituelle.
Changé en or mon écuelle
En collier d’perle un bout d’ficelle
Repeint de toutes les couleurs
Les fragments de mon cœur.
Qui m’ont chanté : « Aimer ! Aimer !
Mais pas en amateur ».



J’ai 36000 poèmes
Qui concourent dans ma tête
Les uns pédalent en tête,
Les autres ferment le ban,
Les uns tirent les sonnettes
Les autres coupent les rubans
J’ai 36000 poèmes
Qui visitent des mondes
Que je ne soupçonne pas
Je ne connais pas les vôtres,
je parcours les miens.
On dit qu’ils sont les mêmes
Des réserves à « Je t’aime ».
Alors explorez-les,
Et vous vous comprendrez
Comme je l’ai fait de moi-même.

Voyages

Voyages



Je viendrai quelquefois vous conter mes voyages.
Comme on fait ses bagages,
Comme on se dégage,
Comme on prend le large
Comme on se décharge,
En évitant les leurres
Avec certain bonheur.
Je vous raconterai…
Comme on se désarrime
Pour trouver une rime,
Une chanson intérieure
Qui ne compte pas ses heures.



samedi 29 septembre 2012

Madame la Marquise


La Marquise de Perrache



J'aime les gares, leurs odeurs, leurs trains languissant à quai, attendant ronronnant le sifflet du départ. Les horizons fébriles qui se dessinent au-delà de la marquise et le soleil qui filtre à travers celle-là donnent à l'ensemble un parfum mélancolique et grandiose. J'aime les gares, j'aurais tant aimé être un de leurs chefs, chantant à tue-tête comme à la criée les éternels « Mesdames Mesdemoiselles Messieurs, en voiture s'il vous plait ! Attention à la fermeture automatique des portières !». Je mettrais en scène la somptueuse féerie des trains en partance vers des ailleurs translucides comme des panache de vapeur. Les pullmans fileraient sous les étoiles, les TER multicolores illumineraient les banlieues grises, les TGV effleureraient à peine les campagnes où les vaches n'auraient même plus le temps de les voir passer, bref, un ballet aux entrelacs subtiles aiguillés par le ciel dont je serais le chef d'orchestre. J'aime les gares.



Je veux la poésie


Je veux la poésie du silence des ondes


Celle des couleurs, des formes et de la mer,
Des gestes musicaux parfums d’encens et d’abricot,
La poésie des herbes fraîches.
La poésie, unique, cellulaire,
Cantique du quantique,
Ses mystères transpercés, fébriles courants d’air,
Poésie élancée, élégante, éphémère,
Vibration de l’éther.

Une symphonie des Anges


Une symphonie des anges
est chose bien étrange.
Il faut une oreille fine
pour ces senteurs divines.
Des flûtes enchantées,
des cuivres astiqués
et des futaies épaisses
où rebondissent les chants
de ce choeur d'amoureux.
On invoque des calices
et de silencieux lys,
des roses toutes blanches
pour lèvres qui s'épanchent,
de merveilleux dessins,
et d'enfantines comptines,
des bijoux Marguerite
des faunes courant nus,
d'immenses oiseaux lyre,
tout ça pour un instant
incrusté dans le temps.

Collection Automne HIver (Noël)










Ce matin le ciel est tout peinturluré de gris. Pas une palette de gris, non, un gris uniforme, pesant, à rester bien au chaud. Serait-ce que l'automne se précise, entre enfin en matière ? Et l'hiver, lui, qui s'annonce par derrière en préparant discrètement ses premiers flocons et autres boules neige ? Pas si vite ! Il nous reste encore quelque semaines de beau temps avant que les choses ne se précipitent dans la chaleur des soirées d'hiver.

Noël et ses affres s'approche, ses mascarades infâmes, ses orgies et ses gabegies immondes, ses dépenses somptuaires en cadeaux inutiles pour se faire croire que l'on s'aime. Il est plus que temps de tout réapprendre et d'abord la frugalité, c'est de décroissance dont il s'agit. Dans ce sens Noël est une occasion unique à ne pas rater, c'est un exercice de style et d'ascèse : résister à la tentation, résister, résister, l'exercice est exaltant, il permet de se réapproprié l'Être pour oublier ne serait-ce qu'un instant l'avoir et la misère qu'il engendre. Apprendre à se renforcer intérieurement pour mieux se préserver des attirances du non sens. Ecoutez bonnes gens ! Mangez bonnes gens ! Courez dans tous les sens pour mieux dépenser sans compter et sans rendre des comptes ! Brayez ! Eclatez-vous ! Goinfrez-vous ! Adorez et désirez sans limite notre veau d'or (Celui des dominants ?).

Et d'ajouter à ce que disent si bien bon nombre d'élèves des collèges et des lycées : « lire c'est ringard ». Et se recueillir alors ? C'est apprendre à passer chaque jour quelques instants loin de tout tumulte, instants de réflexion au creux de soi-même et dans la solitude, penser le monde autrement, faire le projet d'y inclure ses propres images, sa propre vibration, sa propre conscience non-exclusive, inclure sa parole, apprendre à s'objectiver en quelque sorte. Que nous réservent et nous révéleront les générations qui n'auront jamais ouvert un livre au cours de leur adolescence, un espace de vie où une nouvelle panoplie d'outils nous est offerte, dont la culture dans la multiplicité de ses écritures éblouissantes.

jeudi 27 septembre 2012

Oh Lune... (poème discret)



Oh Lune !
Eclaire un peu veux-tu mes rondeurs de miel
à la beauté parfaite des miracles du ciel !

Caresse avec tendresse et redonne de l'ivresse
à ce qui parfois s'affaisse sous le poids des X'ess !

Popotin, fefesses...
belle paire de miche...
joli p'tit cul mignon... je n'ai point à me plaindre de ces charmants surnoms.
Mais que d'horribles insultes de faux derch en trou duc il m'a fallu subir pour en arriver là.
Combien de coups de pieds de quidams mal lunés et de coups de baguettes
 
auraient pu à jamais défigurer ces chaires... que l'on aime à baiser.



Oh Lune !
Un jour se flétriront ces pommes qui semèrent discorde
et virent pour elles tant d'hommes basculer’en l'oubli.
Et dans ces crépuscules qui te portent aux nues
N'oublie pas que je suis, même nue, ta parente, éloignée certes, 
mais au moins tant choyée.



Lune, Oh lune…
Si, quand sourit le jour, tu t'évanouis en larmes au pied des lits défaits de ceux chez qui je tremble
à l'idée de la mort, je t’avoue tout de go que je profite un max de ton homme en émoi pour être toute bronzée de retour de l'été et prête à exciter les pieux les plus gorgés de l'amoureuse essence.



Lune, Oh lune...
Dans les nuits de déprime quand s'élèvent vers toi les hurlements des chiens de fusils et de guerre,
moi, je me vautre en les plumes et fait rougir d'envie les glaives flamboyants
et les glands turgescents de ceux qui me désirent. Saisissant !




Lune, oh Lune !
à l'approche de l'hiver quand s'installlent au pourtour quelques poignées d'amour,
je me prends à rêver de l'immortalité.

Qu'une fesse disparaisse, c'est un peu toi qui meurs.
Quel étrange destin qui te coupe en quartiers, te rempli chaque mois sans même te fatiguer.
Quelques nuits de repos et de nouveau fringante tu renais à toi-même pour tes milliards d'infantes
qui ont nom Cassiopée, du Berger, et j
’en passe des plus marrantes.



Lune ! Oh lune !
Ta discrétion m'émeut autant que ta vertu qui sont loin d'être miennes
quand sur les grands boul'vards j'enflamme les regards qui m'allument le pétard




Lune! Oh lune !
Pour nous deux, les mystères qui enveloppent l’univers n'ont plus aucun secret.
Toi, de là-haut tu vois ce à quoi je sursois,
Et moi, d'ici-bas, j'aperçois cette douce lumière qui nimbe ton derrière
Et te donne tout l'air… de t'envoyer en l'air.


mercredi 26 septembre 2012

Le roman de l'instant


Le monde meilleur est à l’intérieur, pas ailleurs.



Ecrire, écrire et encore écrire, trouver la source de l’écriture, là où elle est la plus pure, la plus cristalline, là où les mots n’ont pas encore été écorchés par les soubresauts des incongruités de l’existence. Il faut cette évanescence des premiers instants pour happer ce qu’il y a d’essentiel dans le déchaînement libérateur de la pensée faite mots puis paroles. Des mots tout neuf en rangs d’oignons comme de désoignons, en multitudes serrées comme en nuages laiteux, en forme de vérité comme de mensonge.

La source dit que je suis comme un petit enfant qui n’aurait jamais évolué, sans père, sans mère, seul, abandonné à lui-même, une Traviata au bord du gouffre, et que c’est ce qui arrive à ceux qui ne veulent pas l’écouter. La source, à débit normal, écoule les informations qu’elle a collectées dans les entrailles de la mémoire des pieds et de la tête, les restitue à moindre clarté, ordonnancement à la carte, elle se souvient de tout et parle vrai. Elle demande de dire et d’écrire, d’écrire et d’encore écrire pour rendre toujours plus limpide son chant et le scintillement de ses accents.

Ce sera donc un roman de l’instant, ni d’avant ni d’après mais du pendant, indispensable à la sidération du jaillissement. J’y parlerai de plein de choses, de plein de gens, de plein de souvenirs et je trouverai des explications au désastre. J’ai rêvé d’un monde différent, j’ai cru qu’une utopie allait advenir mais ce monde est resté un rêve parce qu’il était celui d’un seul et que pour faire un monde il faut être plusieurs. Mais plusieurs n’offrait aucune garantie que ce monde fut meilleur et l’utopie réussie. C’était ça l’équation, entre l’Un et le Multiple il fallait choisir, le Un ne s’est pas embarrassé de préjugés même flatteurs, il l’a fait, guidant mes pas vers la solitude d’un nid quand le nid aurait dû n’être que le lieu des premiers pas et pas celui des pas perdus. Pourtant il y en a eu des promesses de bonheur, en veux-tu en voilà, des lointaines plages de Bora aux rives de la Meuse, du soleil d’Aglou au sommet de la Tournette, des lumières de la scène aux fourneaux d’un palace. Que de temps perdu, d’actions inutiles, d’énergie gaspillée. Qui sait ce qu’il en adviendra ? Du bonheur assurément !

L'idée en tête


L’idée en tête


                Quand j'ai une idée en tête c’est très exactement derrière le cervelet qu’elle se cache, mais elle se cache mal, il est aisé de la découvrir et de lui mettre la main dessus. Si elle n’offre aucune résistance, apanage des vraies fausses bonnes idées, j'en use à ma guise pour un plaisir réciproque, je t’aime je te hais. Depuis quelques années, mon corps est passé en mode mineur, j'envisage sérieusement d’user des mots pour poursuivre le grand œuvre. Ceux-ci, je les ai quelques fois sur le bout de la langue mais plus généralement ils sortent dans ma tête comme la pâte d’un tube de dentifrice, en rangs serrés, mentholés et moelleux dont il n’y a pas à se faire du souci pour la forme - il la connaissent par avance - l’engagement et le nombre, il y en a assez pour remplir les innombrables pages blanches qui n’attendent que ça au cœur du processeur. Leur sens s’impose seul par une magie dont il est malaisé de comprendre la source sinon le rôle. Je me plait à les lire et à les relire, à soupeser leur réalité, leur nécessité et leurs lois, je les aime comme aime une mère et pour la volupté que la beauté de leurs enchaînements provoque, pour leur précision comme un corps de ballet qui danse à l’unisson, pour la trace qu’ils laisseront aux murs d’anti-matière. Je les trouve magistraux, chacun donne sa leçon en une divine comédie où Bacchus est ivre, Apollon rayonnant et Venus lascive.

lundi 24 septembre 2012

Mon ordinateur...


Mon ordinateur a des problèmes :


son écran fait écran,
sa mémoire vive rame,
sa mémoire tampon s’en tamponne,
sa carte mère est encartée,
les frappes, surtout les petites, sont dures, mais ses touches me touchent,
ses fichiers sont fichus,
sa wifi dit : « non, fi ! »
Son lecteur est aveugle,
son graveur est graveleux,
ses processeurs sont possédés,
son presse-papier nage dans son jus,
ses polices n’ont pas de cuisse,
il ne révèle plus sa mise en forme et quand il saisit ça colle.
Mon ordinateur a des problèmes, son disque dur a des couilles molles.

Poésie de l'aparté.


Aujourd’hui je m’essaye à des mélanges hasardeux

Mélange de vagues et de pierres tombées, de sel et d’aventures, 
d’amour et d’eau ruisselante, 
de langues de chats et de couchers de soleil.


Dans un calice d'airain
Le Ciel s’instillait,
J'ouvrais alors son sein
Pour en extraire le Vrai.
Il suffit d'un frisson
Pour sentir l'Esprit rire
Qui parcourt tout l'Etre
Et tout son devenir.

Que dit la poésie en ces temps inférieurs ?
Bariolée de couleurs imprécises et ternes,
elle gît au fond d'un trou attendant jours meilleurs.
La mièvrerie n'est pas pour elle,
ni les désirs délétères,
ni les consciences abruties
par des écrans par trop pourris.
Elle veut une terre entière aux yeux délicieux,
une Terre extra-light où brûlent les adieux
à des formes lointaines dont personne ne veut
pour cause de chrysanthème.



Il n'y a de poésie qu'intérieure,
Exemple : Contemplons de blanches fleurs !
Les orchidées violettes et les délicieux lys
Baladent les éthers de leurs soyeux calices.
C'est beau un cèdre dans le noir
Traversé de miroirs auréolés de lunes.
Une allée de noyers a noyé mon chagrin
Aux portes du désir et d'un amour sans fin.
Le canal est en feu.
Sa chute un peu bancale
Rappelle un cliquetis
De fort belle mémoire.
C'était un soir c'était minuit,
C'était au centre de la nuit
D'où revient la Lumière
Après une courte pause,
D'où jaillit un verbe rugissant,
De truculentes effervescences,
Des demi-mots à mots couverts,
Des apartés sourds à tout non-dit.