samedi 29 septembre 2012

Madame la Marquise


La Marquise de Perrache



J'aime les gares, leurs odeurs, leurs trains languissant à quai, attendant ronronnant le sifflet du départ. Les horizons fébriles qui se dessinent au-delà de la marquise et le soleil qui filtre à travers celle-là donnent à l'ensemble un parfum mélancolique et grandiose. J'aime les gares, j'aurais tant aimé être un de leurs chefs, chantant à tue-tête comme à la criée les éternels « Mesdames Mesdemoiselles Messieurs, en voiture s'il vous plait ! Attention à la fermeture automatique des portières !». Je mettrais en scène la somptueuse féerie des trains en partance vers des ailleurs translucides comme des panache de vapeur. Les pullmans fileraient sous les étoiles, les TER multicolores illumineraient les banlieues grises, les TGV effleureraient à peine les campagnes où les vaches n'auraient même plus le temps de les voir passer, bref, un ballet aux entrelacs subtiles aiguillés par le ciel dont je serais le chef d'orchestre. J'aime les gares.



Je veux la poésie


Je veux la poésie du silence des ondes


Celle des couleurs, des formes et de la mer,
Des gestes musicaux parfums d’encens et d’abricot,
La poésie des herbes fraîches.
La poésie, unique, cellulaire,
Cantique du quantique,
Ses mystères transpercés, fébriles courants d’air,
Poésie élancée, élégante, éphémère,
Vibration de l’éther.

Une symphonie des Anges


Une symphonie des anges
est chose bien étrange.
Il faut une oreille fine
pour ces senteurs divines.
Des flûtes enchantées,
des cuivres astiqués
et des futaies épaisses
où rebondissent les chants
de ce choeur d'amoureux.
On invoque des calices
et de silencieux lys,
des roses toutes blanches
pour lèvres qui s'épanchent,
de merveilleux dessins,
et d'enfantines comptines,
des bijoux Marguerite
des faunes courant nus,
d'immenses oiseaux lyre,
tout ça pour un instant
incrusté dans le temps.

Collection Automne HIver (Noël)










Ce matin le ciel est tout peinturluré de gris. Pas une palette de gris, non, un gris uniforme, pesant, à rester bien au chaud. Serait-ce que l'automne se précise, entre enfin en matière ? Et l'hiver, lui, qui s'annonce par derrière en préparant discrètement ses premiers flocons et autres boules neige ? Pas si vite ! Il nous reste encore quelque semaines de beau temps avant que les choses ne se précipitent dans la chaleur des soirées d'hiver.

Noël et ses affres s'approche, ses mascarades infâmes, ses orgies et ses gabegies immondes, ses dépenses somptuaires en cadeaux inutiles pour se faire croire que l'on s'aime. Il est plus que temps de tout réapprendre et d'abord la frugalité, c'est de décroissance dont il s'agit. Dans ce sens Noël est une occasion unique à ne pas rater, c'est un exercice de style et d'ascèse : résister à la tentation, résister, résister, l'exercice est exaltant, il permet de se réapproprié l'Être pour oublier ne serait-ce qu'un instant l'avoir et la misère qu'il engendre. Apprendre à se renforcer intérieurement pour mieux se préserver des attirances du non sens. Ecoutez bonnes gens ! Mangez bonnes gens ! Courez dans tous les sens pour mieux dépenser sans compter et sans rendre des comptes ! Brayez ! Eclatez-vous ! Goinfrez-vous ! Adorez et désirez sans limite notre veau d'or (Celui des dominants ?).

Et d'ajouter à ce que disent si bien bon nombre d'élèves des collèges et des lycées : « lire c'est ringard ». Et se recueillir alors ? C'est apprendre à passer chaque jour quelques instants loin de tout tumulte, instants de réflexion au creux de soi-même et dans la solitude, penser le monde autrement, faire le projet d'y inclure ses propres images, sa propre vibration, sa propre conscience non-exclusive, inclure sa parole, apprendre à s'objectiver en quelque sorte. Que nous réservent et nous révéleront les générations qui n'auront jamais ouvert un livre au cours de leur adolescence, un espace de vie où une nouvelle panoplie d'outils nous est offerte, dont la culture dans la multiplicité de ses écritures éblouissantes.

jeudi 27 septembre 2012

Oh Lune... (poème discret)



Oh Lune !
Eclaire un peu veux-tu mes rondeurs de miel
à la beauté parfaite des miracles du ciel !

Caresse avec tendresse et redonne de l'ivresse
à ce qui parfois s'affaisse sous le poids des X'ess !

Popotin, fefesses...
belle paire de miche...
joli p'tit cul mignon... je n'ai point à me plaindre de ces charmants surnoms.
Mais que d'horribles insultes de faux derch en trou duc il m'a fallu subir pour en arriver là.
Combien de coups de pieds de quidams mal lunés et de coups de baguettes
 
auraient pu à jamais défigurer ces chaires... que l'on aime à baiser.



Oh Lune !
Un jour se flétriront ces pommes qui semèrent discorde
et virent pour elles tant d'hommes basculer’en l'oubli.
Et dans ces crépuscules qui te portent aux nues
N'oublie pas que je suis, même nue, ta parente, éloignée certes, 
mais au moins tant choyée.



Lune, Oh lune…
Si, quand sourit le jour, tu t'évanouis en larmes au pied des lits défaits de ceux chez qui je tremble
à l'idée de la mort, je t’avoue tout de go que je profite un max de ton homme en émoi pour être toute bronzée de retour de l'été et prête à exciter les pieux les plus gorgés de l'amoureuse essence.



Lune, Oh lune...
Dans les nuits de déprime quand s'élèvent vers toi les hurlements des chiens de fusils et de guerre,
moi, je me vautre en les plumes et fait rougir d'envie les glaives flamboyants
et les glands turgescents de ceux qui me désirent. Saisissant !




Lune, oh Lune !
à l'approche de l'hiver quand s'installlent au pourtour quelques poignées d'amour,
je me prends à rêver de l'immortalité.

Qu'une fesse disparaisse, c'est un peu toi qui meurs.
Quel étrange destin qui te coupe en quartiers, te rempli chaque mois sans même te fatiguer.
Quelques nuits de repos et de nouveau fringante tu renais à toi-même pour tes milliards d'infantes
qui ont nom Cassiopée, du Berger, et j
’en passe des plus marrantes.



Lune ! Oh lune !
Ta discrétion m'émeut autant que ta vertu qui sont loin d'être miennes
quand sur les grands boul'vards j'enflamme les regards qui m'allument le pétard




Lune! Oh lune !
Pour nous deux, les mystères qui enveloppent l’univers n'ont plus aucun secret.
Toi, de là-haut tu vois ce à quoi je sursois,
Et moi, d'ici-bas, j'aperçois cette douce lumière qui nimbe ton derrière
Et te donne tout l'air… de t'envoyer en l'air.


mercredi 26 septembre 2012

Le roman de l'instant


Le monde meilleur est à l’intérieur, pas ailleurs.



Ecrire, écrire et encore écrire, trouver la source de l’écriture, là où elle est la plus pure, la plus cristalline, là où les mots n’ont pas encore été écorchés par les soubresauts des incongruités de l’existence. Il faut cette évanescence des premiers instants pour happer ce qu’il y a d’essentiel dans le déchaînement libérateur de la pensée faite mots puis paroles. Des mots tout neuf en rangs d’oignons comme de désoignons, en multitudes serrées comme en nuages laiteux, en forme de vérité comme de mensonge.

La source dit que je suis comme un petit enfant qui n’aurait jamais évolué, sans père, sans mère, seul, abandonné à lui-même, une Traviata au bord du gouffre, et que c’est ce qui arrive à ceux qui ne veulent pas l’écouter. La source, à débit normal, écoule les informations qu’elle a collectées dans les entrailles de la mémoire des pieds et de la tête, les restitue à moindre clarté, ordonnancement à la carte, elle se souvient de tout et parle vrai. Elle demande de dire et d’écrire, d’écrire et d’encore écrire pour rendre toujours plus limpide son chant et le scintillement de ses accents.

Ce sera donc un roman de l’instant, ni d’avant ni d’après mais du pendant, indispensable à la sidération du jaillissement. J’y parlerai de plein de choses, de plein de gens, de plein de souvenirs et je trouverai des explications au désastre. J’ai rêvé d’un monde différent, j’ai cru qu’une utopie allait advenir mais ce monde est resté un rêve parce qu’il était celui d’un seul et que pour faire un monde il faut être plusieurs. Mais plusieurs n’offrait aucune garantie que ce monde fut meilleur et l’utopie réussie. C’était ça l’équation, entre l’Un et le Multiple il fallait choisir, le Un ne s’est pas embarrassé de préjugés même flatteurs, il l’a fait, guidant mes pas vers la solitude d’un nid quand le nid aurait dû n’être que le lieu des premiers pas et pas celui des pas perdus. Pourtant il y en a eu des promesses de bonheur, en veux-tu en voilà, des lointaines plages de Bora aux rives de la Meuse, du soleil d’Aglou au sommet de la Tournette, des lumières de la scène aux fourneaux d’un palace. Que de temps perdu, d’actions inutiles, d’énergie gaspillée. Qui sait ce qu’il en adviendra ? Du bonheur assurément !

L'idée en tête


L’idée en tête


                Quand j'ai une idée en tête c’est très exactement derrière le cervelet qu’elle se cache, mais elle se cache mal, il est aisé de la découvrir et de lui mettre la main dessus. Si elle n’offre aucune résistance, apanage des vraies fausses bonnes idées, j'en use à ma guise pour un plaisir réciproque, je t’aime je te hais. Depuis quelques années, mon corps est passé en mode mineur, j'envisage sérieusement d’user des mots pour poursuivre le grand œuvre. Ceux-ci, je les ai quelques fois sur le bout de la langue mais plus généralement ils sortent dans ma tête comme la pâte d’un tube de dentifrice, en rangs serrés, mentholés et moelleux dont il n’y a pas à se faire du souci pour la forme - il la connaissent par avance - l’engagement et le nombre, il y en a assez pour remplir les innombrables pages blanches qui n’attendent que ça au cœur du processeur. Leur sens s’impose seul par une magie dont il est malaisé de comprendre la source sinon le rôle. Je me plait à les lire et à les relire, à soupeser leur réalité, leur nécessité et leurs lois, je les aime comme aime une mère et pour la volupté que la beauté de leurs enchaînements provoque, pour leur précision comme un corps de ballet qui danse à l’unisson, pour la trace qu’ils laisseront aux murs d’anti-matière. Je les trouve magistraux, chacun donne sa leçon en une divine comédie où Bacchus est ivre, Apollon rayonnant et Venus lascive.

lundi 24 septembre 2012

Mon ordinateur...


Mon ordinateur a des problèmes :


son écran fait écran,
sa mémoire vive rame,
sa mémoire tampon s’en tamponne,
sa carte mère est encartée,
les frappes, surtout les petites, sont dures, mais ses touches me touchent,
ses fichiers sont fichus,
sa wifi dit : « non, fi ! »
Son lecteur est aveugle,
son graveur est graveleux,
ses processeurs sont possédés,
son presse-papier nage dans son jus,
ses polices n’ont pas de cuisse,
il ne révèle plus sa mise en forme et quand il saisit ça colle.
Mon ordinateur a des problèmes, son disque dur a des couilles molles.

Poésie de l'aparté.


Aujourd’hui je m’essaye à des mélanges hasardeux

Mélange de vagues et de pierres tombées, de sel et d’aventures, 
d’amour et d’eau ruisselante, 
de langues de chats et de couchers de soleil.


Dans un calice d'airain
Le Ciel s’instillait,
J'ouvrais alors son sein
Pour en extraire le Vrai.
Il suffit d'un frisson
Pour sentir l'Esprit rire
Qui parcourt tout l'Etre
Et tout son devenir.

Que dit la poésie en ces temps inférieurs ?
Bariolée de couleurs imprécises et ternes,
elle gît au fond d'un trou attendant jours meilleurs.
La mièvrerie n'est pas pour elle,
ni les désirs délétères,
ni les consciences abruties
par des écrans par trop pourris.
Elle veut une terre entière aux yeux délicieux,
une Terre extra-light où brûlent les adieux
à des formes lointaines dont personne ne veut
pour cause de chrysanthème.



Il n'y a de poésie qu'intérieure,
Exemple : Contemplons de blanches fleurs !
Les orchidées violettes et les délicieux lys
Baladent les éthers de leurs soyeux calices.
C'est beau un cèdre dans le noir
Traversé de miroirs auréolés de lunes.
Une allée de noyers a noyé mon chagrin
Aux portes du désir et d'un amour sans fin.
Le canal est en feu.
Sa chute un peu bancale
Rappelle un cliquetis
De fort belle mémoire.
C'était un soir c'était minuit,
C'était au centre de la nuit
D'où revient la Lumière
Après une courte pause,
D'où jaillit un verbe rugissant,
De truculentes effervescences,
Des demi-mots à mots couverts,
Des apartés sourds à tout non-dit.

Le corps électrique - Poésie directe


Risibles Iris, Adorez Osiris 


Baisez mes lèvres à temps.
Je ne vous dis ni pourquoi ni comment,
C'est incommensurable !

Baisez mes lèvres à temps
Bien avant que printemps,
Soyons inempruntables !

Baisez mes lèvres à temps
Et rejoignons nos pénates,
Soyons impénétrables !

Baisez mes lèvres à temps
Par crainte d' un contre-temps,
Soyons incontractables !

Baisez mes lèvres à temps,
Avides évidemment,
Soyons inévitables !

Abandon


Qui ne s’est jamais abandonné ne connait qu’une face de l’abandon, celle de la souffrance.


Ce qui est odieux c’est l’inconscient.
Qui est odieux est inconscient,
Qui est à Dieu l’est un peu moins,
Qui est aux Dieux l’est un peu plus.

Maximes....


Maximes pour temps de crise



Si tu ne sais pas où tu vas retourne d’où tu viens. (Aphorisme Arabe)

A l’heure où la faillite de l'économie comme système de survie frappe de dérision tant d'efforts investis dans la rage de gagner plus, d'être le meilleur, de posséder davantage, peut-être un revirement d'attitude est-il prévisible, peut-être l'opiniâtreté mise à se délabrer dans le travail va-t-elle redécouvrir la création des êtres, des choses, de l'environnement comme plaisir d'exister ? (Raoul Vaneigem).

Nous sommes enfermés dans une cage de fer : encouragés à dépenser de l'argent que nous n'avons pas, pour acheter des choses dont nous n'avons pas besoin, pour créer des impressions qui ne dureront pas, sur des gens qui ne nous importent pas. On a construit le consommateur pour que le système survive, c'est ce qui est pervers (Tim Jackson).

C'est par la sobriété que nous pouvons couper les vivres à ceux qui profitent de nos excès. (Pierre Rabhi).

Vivre plus simplement pour que d'autres puissent simplement vivre (Gandhi).

Mon optimisme est basé sur la certitude que cette civilisation va s’effondrer. Mon pessimisme sur tout ce qu’elle fait pour nous entraîner dans sa chute (Jean-François Brient).



Le siècle est fou. Fou de lâchetés, de démissions, de mensonges, d’impostures et de laideur, et ce qu’on appelle "crise de civilisation" n’est en vérité que le refus apeuré de toute hauteur. (Jean Cau).

L'humanité est devenue assez étrangère à elle-même pour réussir à vivre sa propre destruction comme une jouissance esthétique de premier ordre (Walter Benjamin).

Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas les faire, mais parce que nous n’osons pas les faire qu’elles sont difficiles (Sénèque).


Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve (Hölderlin).

Le probable est la désintégration, l'improbable mais possible est la métamorphose (Edgar Morin).

Les nuits sont enceintes et nul ne connaît le jour qui va naître (Proverbe turc).

Là ou se trouve une volonté, il existe un chemin (Winston Churchill).

Le monde déteste le changement, c'est pourtant la seule chose qui lui a permis de progresser (Charles F. Kettering).

Les hommes n'acceptent le changement que dans la nécessité, et ils ne voient la nécessité que dans la crise (Jean Monnet).

Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu’il ne nous prenne par la gorge. (Winston Churchill)

Vous ne changerez jamais les choses en vous battant contre la réalité existante. Pour changer quelque chose, construisez un nouveau modèle qui rende l’ancien obsolète (Buckminster Fuller)

Nous ne résoudrons pas les problèmes avec le mode de pensée qui les ont engendrés (Einstein).

Que fait-on quand on un problème est insoluble ? On change de problème (Jean Monnet).

Vous ne pouvez empêcher les oiseaux de chagrin de survoler votre tête, mais vous pouvez les empêcher de faire des nids dans vos cheveux (Proverbe chinois).

Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse (Proverbe Indien).

Dans un monde qui se détruit, la création est la seule façon de ne pas se détruire avec lui. Seule la puissance imaginative, privilégiée par un absolu parti pris de la vie, réussira à proscrire à jamais le parti de la mort, dont l'arrogance fascine les résignés (Raoul Vaneigem).

Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit une opportunité dans chaque difficulté (Winston Churchill).

Ce qui ne tue pas rend plus fort (Nietzsche).

Vint un temps où le risque de rester à l'étroit dans un bourgeon était plus douloureux que le risque d’éclore (Anaïs Nin).

Les épines que j’ai recueillies viennent de l’arbre que j’ai planté (Lord Byron).



La difficulté n'est pas de comprendre les idées nouvelles, mais d'échapper aux idées anciennes (John Maynard Keynes).

J'ai échoué encore et encore et encore... et c'est pour çà que j'ai réussi (Michael Jordan).

Qui veut faire quelque chose trouve un moyen ; qui ne veut rien faire trouve une excuse (Proverbe arabe).

Chaque période de trouble dans l'histoire ouvre une brèche d'espoir ; et la seule chose certaine et immuable est que rien n'est certain ni immuable (John Fitzgerald Kennedy).

La seule chose promise d’avance à l’échec, c’est celle que l’on ne tente pas (Paul-Emile Victor).

C’est parce que tu ne lâches rien que rien ne te lâche.
C’est parce que tu n’abandonnes pas que personne ne t’abandonnera.

Quand tu as fini d’admirer l’œuvre des autres alors tu peux commencer d’imaginer admirer la tienne. (R. Berthemy).
Si tu ne sais pas où tu vas, retourne d’où tu  viens. (Prov. arabe)
Il faut garder son souffle pour faire refroidir son porridge (Anonyme anglais (qu’il reste caché !)).


Fin

Commune présence - René Char



Commune présence



Tu es pressé d'écrire comme si tu étais en retard sur la vie. S'il en est ainsi, fais cortège à tes sources.
Hâte-toi ! Hâte-toi de transmettre ta part de merveilleux, de rébellion, de bienfaisance.
Effectivement tu es en retard sur la vie, la vie inexprimable, la seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir, celle qui t'est refusée chaque jour par les êtres et par les choses dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés au bout de combats sans merci. Hors d'elle, tout n'est qu'agonie soumise, fin grossière.
Si tu rencontres la mort durant ton labeur reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride, en t'inclinant si tu veux rire. Offre ta soumission, jamais tes armes.
Tu as été créé pour des moments peu communs, modifie-toi, disparais sans regret
au gré de la rigueur suave. Quartier suivant quartier, la liquidation du monde se poursuit sans interruption, sans égarement.
Essaime la poussière, nul ne décèlera votre union.

Aphorismes et autres isthmes


René Char. Une poétique intégrale


Voici l’époque où le poète sent se dresser en lui cette méridienne force d’ascension.

Pour devenir un Sage ?
Accepter d’être en apprentissage ;
s'asseoir, s'assagir, assister et…
 songer
(Anonyme du XXème Siècle)

Leur crime : être enragé de vouloir nous apprendre à mépriser les dieux que nous avons en nous.

Le poète, conservateur des infinis visages du vivant.

Celui qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience.

Ne t'attarde pas à l'ornière des résultats.

Il faut trembler pour grandir.

L'acte est vierge, même répété.

A chaque effondrement des preuves, le poète répond par une salve d'avenir.

Aucun oiseau n'a le cœur de chanter dans un buisson de questions.

Dans nos ténèbres, il n'y a pas une place pour la beauté. Toute la place est pour la beauté.

Mettre en route l'intelligence sans le secours des cartes d'état-major.

Pleurer longtemps solitaire mène à quelque chose.

Mais qui rétablira autour de nous cette immensité, cette densité réellement faites pour nous, et qui, de toutes parts, non divinement, nous baignaient ?

Que szerions-nous sans le secours de ce qui n’existe pas ?

Vivre c'est s'obstiner à achever un souvenir. Mourir c'est devenir, mais nulle part, vivant.

L'appétit de quelques esprits a détraqué l'estomac des hommes. Pourquoi cette perte de noblesse entre révélation et création ?

Le réel quelques fois désaltère l'espérance. C'est pourquoi contre toute attente, l'espérance survit.

Ce dont le poète souffre le plus dans ses rapports avec le monde c'est du manque de justice interne.

Il existe une sorte d'homme toujours en avance sur ses excréments.

Tiens vis à vis des autres ce que tu t’es promis à toi seul. Là est ton contrat.

^
v

Les fameux Lys


Délicieux Lys

            Une dizaine de lys orangers se balancent en douceur le long du jardin de ce qui a été la maison de l'éclusier, et au rythme de la chute de l'eau dans la petite écluse du canal abandonné, seule la porte de l'amont existe encore. Le canal recouvert à moitié de nénuphars serpente alangui entre ses chemins de halage et disparaît au loin sous la ramure des cèdres et des noyers. On est en Sologne aux heures chaudes d'un après-midi de juillet exceptionnel. Ce qui d'abord n'est pas vrai, les étés exceptionnels n'existent pas en Sologne. Premier mensonge. Le mensonge est un songe de l'esprit, dès lors : qu'est-ce qu'un songe ? songe, comme on dit créant pour ceux qui ne créent plus car ils ne croient plus, serait plus approprié pour exprimer cette idée, avec ses nuances, d'affabulation, de canular, d'irréalité d'un fait.

            J'arpente délicieusement, nonchalamment le tranquille chemin de terre qui mène jusqu'au Cher couvert depuis quelques années d'algues fleuries et parfumées mais dont la présence interdit la baignade. Je me souviens de celles entre Caramel et Mignoufête, mes deux chéries à quatre pattes, rousse l'une noire l'autre.


Signes au lac

Les promeneurs du Parc

Au Parc de la Tête d’Or... 

...Dominique et moi, nous nous sommes promenés et reposés comme des amoureux, des âmes en fête. La lumière était acidulée, les roses en préretraite, les sous-bois en émois dans ce temps qui annonce tendrement l’automne et ses feuilles mortes auquel succèdera l’hiver rigoureux et réparateur – repos pour toutes et tous et sans barguigner svp ! Les grandes vacances, sous nos latitudes - mais on ne peut plus rien contre - devraient toujours se dérouler l’hiver, il y aurait, ce faisant, une adéquation totale entre tous les règnes et d’abord celui du fusionnel… sous la couette.

Le risque créatif


              Créer c’est toujours prendre un risque, celui d’être jugé d’abord, mal compris, incompris, celui de mettre son grain de sel dans ce que certains diront ne pas nous regarder et devenir par là le grain de sable. Créer c’est aussi prendre le risque de dire des choses de traviole, de dire des bêtises quoi. Pour ce qui est de ce blog il fera la part belle à la poésie, à l’humour comme aux choses plus     « sérieuses ». Toute création est un acte politique, ouvrir un blog n’échappe pas à la règle car en ouvrir un c’est créer. Ce sera finalement un blog à voyages et à ce propos : Bon Voyage !



Qui suis-je ?


Un bord de lac ? Un Être ? Une Âme ? Un Humain ? Certainement ! Mais aussi bien tout à la fois. Amateur de beauté, assurément, de l’art de la poésie, de celui de l’écriture, de la musique, de la danse, de la sculpture, de l’architecture ou de la simple contemplation d’une rose ou d’un paysage. C’est de l’imaginaire dont il est question. De mes nombreux voyages je vais essayer sur ce blog d'en faire partager au lecteur l'essentiel : ce qui enchante. ; mais ce sera aussi quelquefois ce qui ramène à la réalité quotidienne, une façon de relativiser et de remettre les pieds sur terre et dans les mêmes sabots. La tâche est énorme, il va falloir trier. Ce sera au jour le jour, à mon rythme, de diastole en systole, accordé autant que faire se peut au souffle universel. Om.



vendredi 21 septembre 2012

Un Billet pour un Ballet


Substituez une lettre à ce billet qu'il devienne ballet.

Le rideau se lève révélant aux yeux émerveillés du public 
une chorégraphie aux entrelacs multiples d’arabesques et de pirouettes, 
de pas de bourrées et de polonaises. 
Le rideau s’abaisse, le mirage a disparu, 
laissant derrière lui un avant-goût des rêves à venir.