Le monde meilleur est à l’intérieur, pas ailleurs.
Ecrire, écrire et encore écrire,
trouver la source de l’écriture, là où elle est la plus pure, la plus
cristalline, là où les mots n’ont pas encore été écorchés par les soubresauts
des incongruités de l’existence. Il faut cette évanescence des premiers
instants pour happer ce qu’il y a d’essentiel dans le déchaînement libérateur
de la pensée faite mots puis paroles. Des mots tout neuf en rangs d’oignons
comme de désoignons, en multitudes serrées comme en nuages laiteux, en forme de
vérité comme de mensonge.
La source dit que je suis comme
un petit enfant qui n’aurait jamais évolué, sans père, sans mère, seul,
abandonné à lui-même, une Traviata au bord du gouffre, et que c’est ce qui
arrive à ceux qui ne veulent pas l’écouter. La source, à débit normal, écoule
les informations qu’elle a collectées dans les entrailles de la mémoire des
pieds et de la tête, les restitue à moindre clarté, ordonnancement à la carte,
elle se souvient de tout et parle vrai. Elle demande de dire et d’écrire,
d’écrire et d’encore écrire pour rendre toujours plus limpide son chant et le
scintillement de ses accents.
Ce sera donc un roman de
l’instant, ni d’avant ni d’après mais du pendant, indispensable à la sidération
du jaillissement. J’y parlerai de plein de choses, de plein de gens, de plein
de souvenirs et je trouverai des explications au désastre. J’ai rêvé d’un monde
différent, j’ai cru qu’une utopie allait advenir mais ce monde est resté un
rêve parce qu’il était celui d’un seul et que pour faire un monde il faut être
plusieurs. Mais plusieurs n’offrait aucune garantie que ce monde fut meilleur
et l’utopie réussie. C’était ça l’équation, entre l’Un et le Multiple il fallait
choisir, le Un ne s’est pas embarrassé de préjugés même flatteurs, il l’a fait,
guidant mes pas vers la solitude d’un nid quand le nid aurait dû n’être que le
lieu des premiers pas et pas celui des pas perdus. Pourtant il y en a eu des
promesses de bonheur, en veux-tu en voilà, des lointaines plages de Bora aux
rives de la Meuse, du soleil d’Aglou au sommet de la Tournette, des lumières de
la scène aux fourneaux d’un palace. Que de temps perdu, d’actions inutiles,
d’énergie gaspillée. Qui sait ce qu’il en adviendra ? Du bonheur
assurément !
Très intéressant, on sent poindre quelque chose de l'intime.
RépondreSupprimerBonne continuité
Konrad.