L'idée en tête
L’idée en tête
Quand j'ai une idée en tête c’est très exactement derrière le
cervelet qu’elle se cache, mais elle se cache mal, il est aisé de la
découvrir et de lui mettre la main dessus. Si elle n’offre aucune résistance,
apanage des vraies fausses bonnes idées, j'en use à ma guise pour un plaisir
réciproque, je t’aime je te hais. Depuis quelques années, mon corps est passé en
mode mineur, j'envisage sérieusement d’user des mots pour poursuivre le
grand œuvre. Ceux-ci, je les ai quelques fois sur le bout de la langue
mais plus généralement ils sortent dans ma tête comme la pâte d’un tube de dentifrice, en
rangs serrés, mentholés et moelleux dont il n’y a pas à se faire du souci
pour la forme - il la connaissent par avance - l’engagement et le nombre, il y en a assez pour remplir les
innombrables pages blanches qui n’attendent que ça au cœur du processeur.
Leur sens s’impose seul par une magie dont il est malaisé de comprendre la
source sinon le rôle. Je me plait à les lire et à les relire, à soupeser
leur réalité, leur nécessité et leurs lois, je les aime comme aime une
mère et pour la volupté que la beauté de leurs enchaînements provoque, pour
leur précision comme un corps de ballet qui danse à l’unisson, pour la trace
qu’ils laisseront aux murs d’anti-matière. Je les trouve magistraux, chacun
donne sa leçon en une divine comédie où Bacchus est ivre, Apollon rayonnant
et Venus lascive.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire